Annie Ernaux et Eric Vuillard partagent leur passion pour un écrivain trop oublié : « Louis Guilloux n’est même pas dans le “Lagarde & Michard”… »

Entretien La lauréate du prix Nobel 2022 et le prix Goncourt 2017 ne s’étaient jamais rencontrés. Mais ils partagent la même passion pour un écrivain injustement oublié, qu’ils ont tous deux préfacé. Dialogue exclusif
Pour aller plus loin
Il n’est jamais trop tard pour faire de belles découvertes. Quand Annie Ernaux, sur les bons conseils d’Eric Vuillard, a lu Louis Guilloux (1899-1980), elle a été « éblouie ». Elle a trouvé comme un cousin littéraire dans ce fils de cordonnier breton qui fut applaudi par Gide, Aragon et Malraux ; dans ce grand ami d’Albert Camus toujours resté fidèle au peuple dont il était issu ; dans ce franc-tireur humaniste qui préféra secourir les réfugiés espagnols plutôt que courir après la gloire dans les salons parisiens. L’autrice de « la Place » a décidé, elle qui en a signé si peu, de rédiger une remarquable préface à l’ultime livre de ce romancier injustement méconnu : le bouleversant « Coco perdu » (1978), soliloque d’un vieil homme qui comprend, peu à peu, que sa femme l’a peut-être quitté. Eric Vuillard, lui, a préfacé un autre chef-d’œuvre tardif de Guilloux, qu’il admire depuis longtemps : le saisissant « O.K., Joe ! » (1976) raconte son expérience comme interprète à la Libération.
Comment, pourquoi l’histoire littéraire a-t-elle pu négliger un tel écrivain ? La prix Nobel 2022 et le prix Goncourt 2017 n’ont pas fini de réfléchir à ce mystère. Mais s’ils s’étaient beaucoup lus, écrit et téléphoné ces dernières années, ils ne se connaissaient pas. Il était temps de les réunir autour de leur passion commune, un vendredi de printemps, dans la paisible maison de Cergy où vit Annie Ernaux. Il n’est jamais trop tard pour faire d…
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